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Le CARI partage son bilan de la COP15 « désertification » d'Abidjan avec les pays de l’Union européenne

Sur l’invitation de la présidence française de l’Union européenne, le CARI s’est rendu à Bruxelles le 15 juin, afin de partager son bilan de la COP15.

Pour faire suite aux travaux préparatoires engagés par le CARI et ses partenaires dans le cadre de Désertif’actions 2022, et à leur participation à la quinzième Conférence des Parties à la Convention des Nations Unie de lutte contre la désertification, tenue ) à Abidjan (Côte d’ivoire) du 09 au 20 mai, le CARI, par le biais de son président Patrice Burger, s’est rendu à Bruxelles le 15 juin, afin de partager son bilan de la COP15. Il est venu suite à l’invitation de la présidence française de l’Union européenne, pour partage son expérience avec des représentants des pays membres de l’Union Européenne regroupé dans le Groupe de travail sur les questions internationales d'environnement (WPIEI).

Riche de son expérience de plus de 20 ans dans le suivi de cet instrument, le CARI est ainsi revenu sur certains faits marquants de la COP, mais a également émis des opinions à propos des négociations et leurs résultat, ainsi que sur des initiatives telles que les side event, les débats divers dans le Pavillon Afrique ou le Pavillon de Rio.

Si la COP 15 a réuni près de 7000 inscriptions, 300 personnes représentant plus de 100 organisations de la société civile (OSC) étaient sur place. La COP15 a surtout été une édition africaine où l’Asie, l’Amérique et l’Europe étaient moins bien représentées. L’organisation dans un hôtel d’Abidjan en pleine période la plus chaude de l’année, a obligé au déploiement d’un nombre impressionnant de générateurs électriques pour assurer une température quelquefois hivernale à l’intérieur des tentes dressées pour les débats : l’incohérence avec l’ensemble des enjeux climatiques n’a pas vraiment servi la cause défendue.

Une organisation qui ne semble pas faciliter les négociations

Lors de cette rencontre avec le WPIEI, le CARI a estimé que certains changements dans le déroulé de la Conférence, comme les segments de haut niveau en début de COP, avaient faiblement démontré leur valeur ajoutée, voire avaient décontenancé les participants. Si 38 décisions ont été prises, dont une partie issue du comité scientifique et technique et une autre partie du Comité de Revue de la Convention, le CARI estime que l’ensemble n’est pas assez vigoureux pour se hisser à la hauteur des enjeux, ni du rythme imposé par les changements en cours dans le monde. On peut, entre autres, citer l’exemple de la sécheresse : la reconduite d’un nouveau groupe intergouvernemental de travail est plutôt une manière de repousser l’échéance de décisions plus drastiques sur des obligations et mesures d’adaptation face à la multiplication des épisodes, la croissance de leur intensité et leur extension vers les zones tempérées. Les pays en développement, exprimant surtout des besoins et des attentes de soutien externe, se heurtent en permanence aux réticences des pays développés à s’engager plus fortement dans ce soutien.

Du côté de la recherche, une certaine déception s’est faite sentir à cause de la publication trop tardive des travaux de l’interface science politique pour être réellement lue et comprise. La recherche a souligné la nécessité de mieux dialoguer avec les autres acteurs, notamment les points focaux pays de l’UNCCD. Néanmoins, il faut souligner que le soutien aux jeunes et les avancées sur le genre font partie des sujets qui ont progressé. Il faut aussi noter que les « solutions basées sur la nature » ont fait leur entrée dans le vocabulaire, bien que les OSCs restent vigilantes, estimant que ce vocable n’est pas une garantie en soi, la signification que chacune et chacun attribue à cette expression pouvant ne pas être la même. L’initiative d’Abidjan est également un bon exemple d’un pays qui s’engage sur des moyens de mise en œuvre de la neutralité en matière de lutte contre la dégradation des terres. 

L’agroécologie, mis à l’ordre du jour par les organisations de la société civile

Concernant l’organisation des OSCs au sein de la COP, le CARI hébergeait depuis 2019 la représentante des OSCs du WEOG ( Western, groupe qui comprend l’Europe et autres pays développés) et présidente du panel des OSCS, Manon Albagnac. Un remarquable, mais astreignant, travail de facilitation au sein des OSCs présentes a permis la délivrance de 18 déclarations en plénière sur les différents sujets en négociation.

D’importants et nombreux débats ont pu avoir lieu sur l’agroécologie dans différentes enceintes – dont une partie en plénière lors des « dialogues ouverts » - s’appuyant notamment sur les travaux des 17 ateliers pays organisés par le CARI avant la COP ainsi que par l’enquête en ligne et le webinaire de synthèse en prévision du sommet Désertif’actions 2022. Ces travaux ont aussi servi d’inspiration aux déclarations de la société civile. Toutefois et malgré ces efforts, un certain manque de concertation avec les pays parties en négociation n’a pas permis de faire ressortir dans le texte l’agroécologie comme une approche préconisée par la Convention pour la lutte contre la dégradation des terres.

Le CARI a en outre déploré la quasi-absence des collectivités locales et des parlementaires dans la Convention et la trop faible représentation des OScs européennes. Pour ces dernières, il a plaidé auprès des Etats membres pour un plus grand soutien et une mobilisation des pays de l’UE en faveur de l’engagement de leur société civile dans la cause de la lutte contre la dégradation des terres comme la « mère de toutes les batailles environnementales ». Par exemple en mobilisant des budgets de l’aide publique au développement nationale ou européenne pour des programmes de sensibilisation de l’opinion publique et d’engagement dans des actions de territoire ainsi que l’appui à des réseaux d’acteurs.

Après quelques questions/réponses, l’intervention s’est conclue par les remerciements de la présidence française de l’Union Européenne aux engagements du CARI, remerciements et encouragements également dédiés à son président Patrice Burger pour l’ancienneté de son  engagement pour la cause des terres.

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